Situé sur un petit promontoire rocheux qu’enserre la rivière l’Altier, à proximité de la route départementale 901, un peu avant Altier en venant de Mende, le château du Champ fait l’admiration de tous les touristes de passage.
Il est constitué d’un seul bâtiment plutôt massif de trois étages. Il est remarquable par ses poivrières qui couvrent les tours. L’une d’elles est couronnée d’un chemin de ronde.
Le site du château du Champ est classé depuis 1942. Les façades, les toitures et le parc du Château ont fait l’objet d’une inscription sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en date du 14 avril 1965. Le château est situé dans le Parc National des Cévennes.
L’origine du château remonte à la fin du XIIIe siècle. On assure cependant qu’il aurait été construit à l’emplacement d’un très ancien site d’habitation.
Les documents rapportent que la terre d’Altier se trouvait indivise entre les puissants seigneurs de Randon et plusieurs membres cadets de la famille d’Altier, qui se partageaient le « castrum » du village situé sur les hauteurs du grand Altier et dont on peut encore voir les ruines de nos jours. Il devait en résulter de nombreux points de discorde entre les officiers du Randon dont la seigneurie était dominante et les autres coseigneurs, si bien que l’un d’entre eux décida de se retirer et alla construire sa maison forte sur des terres qu’il possédait en propre, le long de la rivière sur l’emplacement actuel du château du Champ.
Une première mention du Champ date de 1277, à l’occasion d’un hommage servi par les frères Pierre et Gaucelin d’Altier au seigneur de Randon, dans lequel il déclare entre autres le mas « del campo ».
C’est le fils de Gaucelin, Raymond d’Altier, qui entreprend la construction du nouveau château, laquelle peut se situer entre 1288 et 1308. C’est à cette date que son épouse rédigea ses dernières volontés « al cham ».
Plus tard, le 20 août 1322, Raymond d’Altier reçoit donation de Guillaume de Randon, seigneur du Luc, pour la haute justice du Champ nouvellement fortifié, et lui en sert l’hommage.
Les d’Altier conserveront le Champ pendant trois générations, la famille tombant en quenouille avec Delphine d’Altier, héritière des terres du Champ, de la Felgère et du Serres, deux autres seigneuries situées en Uzège. Delphine s’allia d’abord à son cousin Louis d’Altier, unique descendant d’une autre branche de la famille, qui était demeurée au château du Grand Altier. Louis d’Altier mourut peu après sans enfant, si bien que Delphine se trouva héritière d’un nouveau patrimoine et réunissait tous les biens des deux lignées d’Altier, séparées depuis le XIIIe siècle.
Delphine d’Altier convola en secondes noces avec Armand de Borne, chevalier, qui appartenait au diocèse du Puy. Il en résultera la création d’une nouvelle maison d’Altier, solidement implantée au Champ pour une douzaine de générations (jusqu’en 1812).
Les successeurs de Delphine d’Altier portèrent d’abord seulement le nom d’Altier puis à la fin du XIVe siècle on retrouve le nom de Borne accolé au patronyme d’Altier.
Au XVIIIe siècle, la forme de Borne d’Altier prévaut et s’y ajoute encore le patronyme des Budos : de brillantes alliances contractées avec la noblesse provinciale, il faut d’abord relever en 1497 le mariage de Jean de Borne d’Altier avec la fille aînée de Thibault de Budos, baron de Portes, qui les apparentera avec les Montmorency et plus tard avec les princes de Conti. Cette alliance leur ouvrait la perspective d’un héritage réputé fabuleux chez les Cévenols pour lesquels le mirage du château de Portes a toujours été d’un puissant attrait.
Les unions postérieures se firent avec des maisons plus locales. On trouve les Yzarn de Castanet, dont le château se trouve à quelques kilomètres du Champ, les Molette de Morangiès, les d’Albignac, les Bardon du Choizal de Mende, qui apportèrent aux d’Altier leur château sur le Causse de Sauveterre, et surtout les Malbosc du Miral.
Jean-Antoine Hercule de Borne d’Altier, quadragénaire et sans enfant de deux précédents mariages, se décida pour une troisième union en 1743 avec une voisine, Mlle du Miral, à peine âgée de 20 ans, laquelle se trouva avec le décès de son frère plus jeune, héritière d’une partie des biens.
(Le château de Miral se trouve au sud du Mont Lozère sur la route reliant Florac au Pont de Montvert).
Charles Jean-Baptiste Victor de Borne, comte d’Altier, À marquis du Champ, monte sur l’échafaud le 9 juillet 1794. À Son fils aîné émigre.
Sous la Révolution, les tours furent rasées, les terres et le château furent saisis et vendus en 1796 comme bien national. En 1812, le dernier descendant des Bornes d’Altier mourut sans postérité après avoir racheté le château à sa Tante qui l’avait elle-même racheté à l’administration afin qu’il reste toujours dans la famille. La succession arriva au petit cousin, Jules de Chapelain, sous préfet de Marvejols. À la troisième génération des Chapelains, Joseph n’eut que des filles et le Champ se transmit dans les familles Raguenet de Saint-Albin (1905), Gourcy (1919), puis Varin d’Ainvelle (1928).
C’est en 1981, devant l’ampleur, l’urgence et le coût des travaux à réaliser que Madeleine Varin d’Ainvelle décida de créer, avec 17 de ses neveux et nièces, une SCI avec pour but de restaurer et de faire vivre ce patrimoine familial et Lozérien.
Depuis 1985, l’ensemble des toitures du château et de ses tours ont été reconstruites avec des lauzes du Tournel. La réfection de la toiture des communs du château durant l’hiver 2005/2006 a marqué la dernière étape de ces travaux de rénovation.
Chaque année le château peut se visiter lors des journées européennes du patrimoine.
Pour une visite virtuelle : Le Château du Champ